Les halles d’alpage

Ce sont des abris où les vaches vont être mises les premières nuits de l’alpage, car sortant des écuries des montagnettes ,elles n’ont pas encore le *cuir* habitué aux rigueurs des nuits de la haute montagne. 

Ces abris seront utilisés également en cas de grand mauvais temps: orages ou neige. Parfois les bêtes y restent plusieurs jours d’affilée lorsque la neige tarde à fondre. Cela arrive même en plein été! Dans ces cas là elles n’auront droit pour toute nourriture qu’a deux poignées d’avoine par jour. 
Ces halles sont des constructions sommaires de un mètre soixante de haut environ qui peuvent contenir une quarantaine d’animaux chacune. Côté amont il y a un mur de pierres sèches. Dans ce mur, tout les mètres un piquet muni d’une chaîne est solidement fiché, les vaches  y seront attachées par la boucle du licol que chacune porte autour des cornes.

La tête tenue très près du mur, serrées entre elles comme des sardines en boite, elles ne pourront pas se bagarrer et difficilement se coucher.

066Le sol de ces abris est un pavage grossier et irrégulier. Le toit est fait des voliges posées à recouvrement. Côté avant elles reposent sur les murs et  sont lestées de pierres , à l’arrière elles sont clouées sur des poutres soutenues par des piliers également en bois, plantés  en bout de pavé.
. L’utilisation de ces abris était toujours une aventure. Soit les vaches ne voulaient pas y entrer et il fallait les traîner une à une, soit pressées par le mauvais temps, grêle ou tempête, elles se précipitaient toutes ensemble au même endroit et c’était une corvée pénible pour arriver à les ranger correctement. Quand à la traite n’en parlons pas !.

Coincés entre deux vaches souvent crépies de fumier, avec des queues baladeuses qui vous en mettaient plein la figure!, en équilibre sur nos chaises, dont l’unique patte avait la fâcheuse tendance à glisser dans les interstices du pavé de sorte que l’on se retrouvait assis à même le sol, nous ressortions de là dans un état ! ! !
Ces étables de fortune sont montées et démontées chaque année. Lors du démontage à l’automne, les planches du toit et les poutres sont soigneusement rangées le long des murs et lestées de pierres pour éviter que les tempêtes de l’hiver ne les dispersent dans la montagne. Les clous sont précieusement mis de côté pour servir l’année suivante, et je me souviens de ma première participation ( à 16 ans) à la reconstruction du printemps où j’ai passé toute la journée à redresser ces clous a l’aide d’un marteau et avec une pierre pour enclume.
Dans les années 1965/1970 elles ont été remplacées par des bâtiments  neufs construits en dur , bâtiments qui n’ont pratiquement pas servi à l’usage prévu car avec l’arrivée des trayeuses mécaniques, les vaches qui ne sont plus attachées pour la traite, luttent contre le froid en déambulant librement dans leur enclos.

Guy Plassiard