Le fruit commun d’alpage.

L’équipe de montagnards.

Le personnel d’un fruit commun d’alpage est composé d’une équipe ou chacun a une tâche précise. Il comprend :
Le fruitier, ou fromager, c’est le responsable d’équipe . Il est chargé de la confection du beaufort.

 

Le séracier, chargé de la fabrication du sérac ou du beurre, selon les demandes du marché. Il aide le fruitier dans ses tâches pénibles comme le brassage du lait caillé, ou le levage du fromage frais pour le sortir du chaudron. Il nettoie le matériel, qui doit être d’une propreté irréprochable pour la réussite de la fabrication, et prépare les rep
099as de ses coéquipiers. C’est lui qui est responsable des cochons.

Les bergers, en général trois, un maître et deux aides, assurent la conduite du troupeau. A l’époque il n’y a pas de clôture électrique et les chiens de berger sont interdits dans les alpages, car disait-on, en faisant courir les vaches, ils risquent de les faire avorter.
Le saleur, chargé de l’affinage des fromages. Toutes les meules sont salées, frottées, et retournées régulièrement.
Tout ces employés participent à la traite, où chacun aura à traire manuellement, une vingtaine de vaches deux fois par jour.
On trouve également deux pachonniers. Ils gèrent les  pachonnées * où sont attachées les vaches dans les pâturages pour la traite, et assurent le transport du lait, à l’aide de bouilles*, depuis la pachonnée jusqu’au chalet. Si le trajet n’est pas trop long pour rapatrier le lait, l’un des deux, participe à la traite. Ils doivent également préparer le bois nécessaire au chauffage du chaudron de lait. Le bois livré en gros quartiers d’un mètre de long, doit être scié en deux et refendu en bûches de petites dimensions adaptées aux besoins du fruitier.
Le groupe, comprend aussi un, ou deux bergers de génisses, selon la taille du troupeau, un berger de veaux, souvent un jeune garçon d’une quinzaine d’années, et le berger des moutons.
Le fruitier, le séracier, le saleur et un pachonnier, sont rémunérés sur les produits de la vente du beaufort. Les trois bergers et le deuxième pachonnier, sont payés par une taxe d’alpage due pour chaque vache inalpée. Cette méthode de calcul permet de faire participer aux frais, les vaches qui ont peu, ou n’ont plus de lait, et qui de ce fait ne participent pas à la production. De même, les bergers des différents troupeaux, sont rétribués par le produit des taxes d’inalpage des animaux respectifs .

 

La journée de travail.

Une journée de travail en alpage, c’est long et bien rempli.
Par tous les temps, elle démarre vers 3 heures du matin par la traite en plein air. A plus de 2000 mètres d’altitude à cette heure là on ne peut pas dire qu’il fasse toujours chaud ! Souvent il faut se réchauffer les doigts, en les cachant un instant entre la cuisse et la tétine de la vache. Vers 7 heures, retour au chalet, petit déjeuner, avant de s’atteler chacun à sa tâche.
Le fruitier met en route la fabrication du fromage, travail qui l’occupera plusieurs heures.

Le séracier, nettoie et range les ustensiles ayant servi le matin, donne des coups de main au fruitier, puis, lorsque le fromage sera levé, s’attaquera à la fabrication du beurre, ou du sérac, tout en préparant le repas de midi. Bergers et pachonniers s’en vont détacher le troupeau. Les premiers nommés le conduisent au pâturage,ou ils le surveilleront tout le temps du repas des bêtes. Les seconds, un jour sur deux, déplacent la pachonnée, afin d’obtenir une fumure régulière de la prairie. (déplacer la pachonnée c’est 125 piquets à arracher, à transporter avec leurs chaînes et à replanter dans un nouvel espace). L’autre jour ils épandent le fumier produit par la stabulation des animaux attachés. Le saleur descend à sa cave pour affiner les fromages.
A midi c’est le retour du troupeau qui va à nouveau être attaché pour la traite de l’après midi. Repas, petit temps de repos et vers 13 heures ça repart! la traite, (là par contre, souvent il fait chaud, très chaud même), le fromage, le sérac, le troupeau à garder, les fromages à soigner, la pachonnée à entretenir, le bois de chauffe à préparer, le matériel à laver. Puis, calculé juste pour avoir le temps de finir avant la nuit, retour du troupeau à attacher pour la traite du lendemain matin. En début de saison il est près de 22 heures quand la journée se termine. Dans moins de 5 heures le réveil va à nouveau sonner! 
Les menus des repas sont frugaux: patates, polenta, pâtes, sérac, beaucoup de lait et une fois par semaine, de la viande offerte par les procureurs (généralement une demi tête de porc bouillie pour tout le personnel).

Deux fois dans la saison, les jours de pesée, un pot au feu donne un air de fête au repas.
Le couvert? une gamelle métallique, une cuiller et une fourchette qui servent pour tous les repas plus le couteau « Opinel » individuel. Souvent le repas est pris, tous assis sur deux bancs en vis à vis, la gamelle sur les genoux, entourant la marmite contenant le menu du jour, Les lits?.

Des caisses en bois à deux places, hauts sur pattes, garnis de paille en vrac, sur laquelle on essaye en vain de faire tenir les draps et les couvertures!

Guy Plassiard