La Pesée du lait

La Pesée du lait en alpage

Un alpage exploité en fruit commun, compte de 110 à 150 vaches appartenant à une cinquantaine de propriétaires différents.

La pesée du lait va définir la part de chacun d’eux dans les revenus de la montagne. Elle a lieu deux fois dans la saison d’été qui dure du 20 juin au 30 septembre environ. La première se tient une quinzaine de jours après l’inalpage, la seconde le premier dimanche après le 15 août..
Cette opération nécessite une grande rigueur. Il est en effet très important que les conditions de mesure soient le plus équitables possibles. Le lait pesé correspond à la production de 24 heures.

La traite manuelle de toutes ces vaches durant environ 4 heures, il est possible sans précautions, d’avoir des écarts importants. Prenons un exemple: une vache serait traite la veille de la pesée à 13 heures et ce jour là à 17. Une autre le contraire, à 17 heures la veille et à 13 le jour de la pesée. La première est mesurée sur 28 heures, la seconde sur 20.
Pour éviter ceci, les bêtes sont rangées  selon un ordre précis pour trois traites: celle de  la veille après midi, et les deux du jour de pesée. Chaque propriétaire a un numéro pour son troupeau.

Tout ses bovins mis à l’alpage le portent marqué au ciseau sur le haut  de la cuisse droite. Les vaches laitières reçoivent en plus un numéro d’ordre. Ainsi, Louis qui inalpe 5 vaches, inscrira 100 I,100 II, 100 III, 100 IV et 100 V , Lucien, qui en met trois, marquera 101 I, 101 II et 101 III. etc… Cette numérotation, permet d’attacher les animaux à la pachonnée* en les classant, par numéro croissant. Les trois traites s’effectueront dans cet ordre. De la sorte la durée de lactation mesurée sera égale pour tout le cheptel.
Il est trois heures du matin. L’air est frisquet. Des ombres glissent un peu partout autour du troupeau. Les montagnards arrivent avec les seilles* , les bouilles* et les chaises à une patte (les tapaculs) qu’ils s’attachent aux fesses et commencent leur travail. Ils auront 18 à 20 vaches chacun à traire.
Les propriétaires montés la veille, ont passé la nuit dans les montagnettes* les plus proches. Ils s’activent pour être présents à la pesée du lait de leurs vaches. Une potence plantée au milieu de la pachonnée* supporte la balance romaine et le seau qui serviront au pesage. La production de chaque vache est comptabilisée individuellement.

Vers 7 heures  l’opération matinale se termine. C’est l’heure conviviale du casse croûte, en attendant l’arrivée du curé qui va bénir le troupeau. Puis tandis que les domestiques retournent à leurs occupations, les paysans profitent de leur montée à l’alpage pour aller voir leurs autres bêtes : génisses, veaux ou moutons.
Ils seront de retour pour la traite de l’après midi. C’est le total de ces  deux pesées qui sert de base au calcul de la part de chacun.
La meilleure laitière est sacrée reine du lait, ce qui vaut à son propriétaire de déboucher une bouteille.

Guy Plassiard